De la collecte à la création

Ce deuxième atelier poursuit la réflexion sur les notions de « tradition » et de « religion traditionnelle » dans leurs dimensions esthétiques, artistiques et anthropologiques. Il s’agit de regarder de plus près comment artistes et chercheurs collectent des données sur des phénomènes immatériels perçues comme traditionnels : danses, contes, rituels, musiques, prénoms. 

La question de la collecte des traditions ne renvoie pas seulement à leurs modes d’usage et de production premiers. Elle interroge leur déplacement vers des espaces nouveaux de présentations et d’interprétations, ainsi que vers des usages renouvelés.

Qu’advient-il des danses consacrées à un culte lorsqu’ils sont présentés hors des cadres de l’accomplissement de celui-ci lors d’un spectacle ? Qu’en est-il du caractère « religieux » des objets traditionnels (masques, habits, etc.) présentés dans une collection muséale ou lors d’une pièce de théâtre ? Comment les artistes et chercheurs peuvent-ils évacuer ou, à l’inverse, affirmer le sens spirituel prêté à un rythme ? Comment la patrimonialisation de la « tradition » devient un enjeu dans les réseaux artistiques internationaux ? Comment les prénoms et les contes des sociétés dites traditionnelles peuvent-ils entrer en résonance avec nos imaginaires contemporains ? Quels en sont les enjeux poétiques et politiques ?

C’est la circulation des traditions et le vacillement éventuel de leur sens, qu’il soit religieux ou non, dans d’autres cadres d’interprétation qui nous intéresse dans cet atelier. Nous explorons le cheminement qui mène autant les chercheurs que les artistes à collecter le patrimoine immatériel et à réinventer des traditions pour créer ou mener leurs analyses.